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Avec son « Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles », Benoît Duteurtre ravivait le parfum d’un monde disparu

Dans son Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles (Plon, 2022), Benoît Duteurtre réserve bien sûr une entrée à « Opérette ». Il y écrit qu’« on associe spontanément les années 1900 à l’opérette, genre musical léger par excellence », qui connaît alors un triomphe – en particulier les ouvrages d’André Messager (1853-1929), dont sa fameuse Véronique (1898). Mais il rappelle aussi que c’est le Second Empire qui vit naître et prospérer l’opérette, sous les plumes de Jacques Offenbach (1819-1880) et d’Hervé (1825-1892).
Dans l’entrée « Yvain, Maurice » (1891-1965), Duteurtre célèbre ce « digne héritier d’Offenbach qui a inventé pour les Années folles un nouveau style ». D’autres compositeurs sont au rendez-vous, comme Oscar Straus (1870-1954) – auquel Benoît Duteurtre avoue vouer une « tendresse spéciale » –, qui avait ôté un « s » à son nom de famille, déjà très fréquenté par les compositeurs. Il n’oublie pas non plus Reynaldo Hahn (1874-1947), si célèbre, et si méconnu, à qui il consacre une notice très développée.
Dans ce Dictionnaire amoureux, une autre entrée rappelle la dilection qu’avait Benoît Duteurtre pour ce que Francis Poulenc (1899-1963) appelait de « l’adorable mauvaise musique ». A « Troisième ordre (artistes de) », l’auteur décrit ces hordes de musiciens, publiés puis oubliés, « aux noms pompeusement imprimés sur les partitions dans leurs sonorités d’époque : Edmond Thuillier, Maurice Pesse ou Victor Blanluette-Luce ». Des noms qui ne sont, peut-être, que le « nécessaire terreau » qui a donné sa force à « l’écume du génie » de compositeurs plus décisifs et mémorables.
Dans son autobiographie, Ma vie extraordinaire (Gallimard, 2021), Benoît Duteurtre fait un aveu touchant : « Les centenaires m’attirent. Mes invités, à la radio [sur France Musique], ont souvent 80 ans passés. Parfois leur mémoire s’étiole et ils en savent moins que leurs biographes (…) Mais ces livres n’offrent que des informations sur des pages ; tandis que la présence, les mots, les voix, le ton, la façon qu’ont ces protagonistes de souligner tel ou tel point ravive quelque chose de plus secret. »
Renaud Machart
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